Q : Qui es-tu, Mina ?
R : Moi, c’est Mina, la fondatrice de Voyageons avec Mina, l’association que j’ai créée en septembre 2018, suite à une mésaventure avec mon fauteuil au retour de mon voyage en Corée du Sud en 2016.
Q : Si tu devais faire un bilan de l’année 2022, que dirais-tu ?
R : L’année 2022 pour l’association a été l’année des gros questionnements. Qu’allait-on devenir ? Il faut savoir que le Covid est passé par là et que ça a été compliqué pour nous, puisque l’association était principalement axée sur l’idée du voyage. Nous avons donc dû trouver un autre moyen de voyager malgré la situation et nous avons lancé le Petit Salon de Mina. Le but était véritablement de voyager autrement, à travers tes articles, Callie, et à travers les vidéos postées sur notre chaîne YouTube.
D’un autre côté, une porte s’est ouverte, financièrement parlant, grâce au Conseil Général qui nous a attribué une subvention. Elle nous a permis de mettre un pied à l’étrier pour faire évoluer le Petit Salon de Mina en nous permettant de tourner et monter des vidéos.
Q : Est-ce que tu pourrais nous parler un peu plus du Petit Salon de Mina ?
R : Le Petit Salon de Mina, ce sont des vidéos ou des articles qui mettent en lumière des personnes en situation de handicap au parcours atypique. Il s’agit aussi de montrer que nous, les personnes en situation de handicap, nous sommes « normales », même si je n’aime pas ce terme. Nous voulons montrer qu’on est comme tout le monde et qu’on peut élaborer des projets comme d’autres le feraient.
Les vidéos sont postées sur notre chaîne YouTube. Elles nous permettent également, comme nous avons pu l’expérimenter avec l’Agence Koa, de préparer des interventions dans les collèges et les lycées pour dédramatiser le handicap. L’association Voyageons avec Mina, c’est ça : on parle du handicap tout en étant nous-mêmes en situation de handicap. On sait ce qu’on dit et on peut porter des messages qui nous représentent réellement.
Q : Quels sont les changements que l’association a connus en 2022 ?
R : En 2022, l’association a accueilli de nouveaux bénévoles. Une association ne tourne pas toute seule, le bénévolat est vraiment important pour construire un projet associatif.
Nous avons de beaux projets en perspective, tel qu’un projet humanitaire, cela grâce à nos bénévoles justement. Nous cherchons à œuvrer pour les personnes en situation de handicap dans le monde entier, et celles et ceux que nous accueillons dans l’équipe de Voyageons avec Mina nous ouvrent les yeux sur d’autres horizons. Désormais, nous avons le projet d’aller au Togo pour donner un petit coup de main à notre échelle, parce que nous nous rendons compte que nous ne sommes pas si mal lotis en France. Voyageons avec Mina, c’est avant tout de la solidarité, et nous souhaitons nous ouvrir à d’autres pays et à leurs problématiques.
Pourquoi le Togo ? Dans l’association, nous comptons deux bénévoles qui sont togolaises d’origine et natives du Togo, Bernadette et Winnie. Elles nous ont parlé du handicap au Togo et leur témoignage nous a interpellés. Nous souhaitons apporter notre aide, ainsi que produire des vidéos et articles à partir du vécu de personnes que nous pourrons rencontrer sur place.
Q : Et du côté des stagiaires ?
R : Accueillir des stagiaires est assez formateur, puisqu’il s’agit de manager une nouvelle personne et l’intégrer à l’équipe. On n’est pas fermés à en accueillir de nouveaux, toutefois leur prise en charge demande du temps et les bénévoles ne sont que bénévoles, avec leurs contraintes personnelles et leurs activités propres.
Même si nous aimerions agrandir la famille Voyageons avec Mina, nous avons déjà une bonne petite équipe et je suis contente de ce qu’elle est devenue. De 3 bénévoles, nous sommes désormais passés à une quinzaine.
Quand j’ai fondé l’association, je n’imaginais pas que ça serait aussi chaotique. Pour vivre, une association doit persévérer pour obtenir des subventions, se forger un budget, etc. Avec les bénévoles, on se soutient et on fait en sorte que Voyageons avec Mina devienne une belle réalité.
Q : Comment se profile 2023 ?
R : Nous aurons normalement le plaisir et l’honneur de voir aboutir en 2023 un gros projet, un événement incroyable au profit de notre projet humanitaire au Togo. D’autres voyages sont toujours à l’ordre du jour, pour montrer que voyager quand on est en fauteuil ou une personne malvoyante n’est pas impossible. On a tous nos difficultés, mais voyager n’est pas impossible. Tout est possible, ou du moins, tout est adaptable.
Q : Quelle a été l’évolution de l’association depuis ses débuts ? Quel regard portes-tu actuellement sur Voyageons avec Mina ?
R : Voyageons avec Mina, c’est une partie de mon histoire. Mais l’association est une histoire commune. C’est un objectif qui se réalise. Parfois, je regarde en arrière et je me rends compte de tout le chemin parcouru. On ne s’en rend pas forcément compte de l’extérieur, mais le chemin parcouru jusqu’à aujourd’hui a été long, entre la recherche de subventions, la nécessité de se faire connaître et la rencontre de multiples personnes. Tout ça prend du temps. Voyageons avec Mina m’a appris la patience alors que je ne suis pas très patiente par nature. Mais, personnellement, j’ai appris à ne pas lâcher et à ne pas écouter les critiques. Beaucoup pointent la lenteur de l’association, cependant le temps que les choses prennent est normal ! Et aujourd’hui, on avance bien.
Ce n’est pas que grâce à moi, c’est aussi grâce aux bénévoles, à leurs idées, aux discussions que nous avons. L’associatif c’est collaborer, échanger, et surtout, c’est de la solidarité.
Q : Es-tu fière de là où en est l’association aujourd’hui ?
R : Oui ! Même si j’aimerais bien sûr que nous avancions plus vite, je suis fière de ce que nous accomplissons déjà. Avant de pouvoir prétendre aider les autres, il nous faut d’abord aider l’association à se développer. Les gens disent que nous ne faisons pas beaucoup d’actions, mais il faut d’abord que nous construisions des fondations solides avant de bâtir des projets par-dessus.
Q : Et puis, ça ne se voit pas forcément, mais on réalise déjà pas mal de petites actions : on tourne, monte et publie des vidéos, on écrit des articles, on sensibilise autour de nous… On travaille !
R : C’est vrai.
Q : L’association est-elle toujours au même endroit ? Où peut-on nous retrouver et nous contacter ?
R : On peut nous retrouver et nous contacter sur nos différents réseaux sociaux, Instagram, Facebook, Linkedin, YouTube, Twitter… Nous avons également une ligne téléphonique ouverte de 14h à 17h tous les jours.
Même si on ne répond pas toujours tout de suite, parce qu’on a beaucoup de choses à faire en tant que bénévoles, on reste facilement joignables. Nous disposons en outre d’un site Internet et d’une adresse mail par laquelle on peut nous écrire. Un site Internet qui sera d’ailleurs remanié début 2023.
Nos bureaux physiques se trouvent toujours à Grenoble, au 1, rue Victor Lastella, même si nous avons déménagé pour des locaux un peu plus spacieux, plus lumineux et confortables.
Q : Comment participer à l’effort ?
R : Vous pouvez bien entendu devenir bénévoles, mais si ce n’est pas possible pour vous, vous pouvez devenir Bâtisseurs, c’est-à-dire contribuer financièrement à l’association, faire des dons ponctuels à hauteur de vos moyens. Si vous ne pouvez pas être un bénévole permanent, vous pouvez également nous soutenir ponctuellement, sur des événements menés par notre tout nouveau pôle Événements dirigé par Priscilla. Ainsi, il vous est possible d’intervenir sur certains événements seulement, comme par exemple pour aider à mettre en place l’événement autour du spectacle de Samia Orosemane de février 2023. Aider aussi sur des petites missions, comme nous apporter votre savoir-faire ou vos connaissances pour les articles ou nos futurs podcasts, nous donner des contacts utiles…
Ou si vous souhaitez être bénévoles, vous pouvez nous rejoindre et être actifs de façon régulière, ou devenir des bénévoles « volants », et intervenir quand votre emploi du temps ou vos obligations vous le permettent.
En ce moment, nous recherchons du matériel adapté pour le projet humanitaire au Togo, tels que des fauteuils manuels, des cannes blanches, etc. S’impliquer peut aussi passer par des dons de matériels, par nous aider à transporter du matériel d’un endroit à un autre…
Plus globalement, on peut nous faire des dons de matériels pour l’association, comme du matériel informatique. Ou alors venir nous voir, discuter avec nous, s’informer sur nos actions ou sur le handicap de façon générale.
C’est ensemble qu’on peut construire des projets, tout idée est bonne à prendre et toute aide est la bienvenue !
Q : Quelque chose à rajouter ?
R : J’espère que Voyageons avec Mina verra des paysages, du monde, et surtout des sourires, qu’on apportera beaucoup de bien-être à l’avenir. C’est ça qu’on veut transmettre.